Alpe du Grand Serre : \"Seul l'Etat manque à l'appel pour sauver la station\"
Alors que la Communauté de Communes de Matheysine a acté hier la fin de la station, la députée de la circonscription, Marie-Noëlle Battistel, très investie depuis des années dans le projet de sauvegarde de l'Alpe du Grand Serre, veut encore y croire. Elle répond à nos questions.
Alors que la Communauté de Communes de Matheysine a acté hier la fin de la station, la députée de la circonscription, Marie-Noëlle Battistel, très investie depuis des années dans le projet de sauvegarde de l'Alpe du Grand Serre, veut encore y croire. Elle répond à nos questions.
TG : Comment avez-vous réagi à la décision des élus de Matheysine de jeter l’éponge sur le dossier de l’Alpe du Grand Serre ?
Marie-Noëlle Battistel : J’étais en commission des affaires économiques hier, où l’on auditionnait le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, quand j’ai vu passer le communiqué de presse. Cela m’a d’ailleurs permis de l’interpeller immédiatement sur la situation des stations de moyenne montagne, qui peinent à trouver un modèle économique équilibré. Honnêtement, il est incompréhensible que l’État tourne le dos à ces territoires alors même que la France prépare les Jeux Olympiques d’hiver 2030.
L’État est-il le seul acteur public à manquer à l’appel ?
Sur ce dossier, on a toujours pu compter sur le soutien du Département, de la Région, de la Communauté de Communes de la Matheysine, et bien sûr de la commune de La Morte, dans la mesure de ses capacités. L’opérateur privé, SATA Group, s’est également engagé financièrement. Le seul partenaire qui ne suit pas, c’est l’État. Et ça, ce n’est pas acceptable. L’Alpe du Grand Serre fait partie des rares stations en difficulté à avoir un projet solide et un plan de financement cohérent. L’investissement a été ramené à moins de 18 millions d’euros, pour un projet qui s’étale sur 25 ans. Il prévoit à la fois le maintien du ski tant qu’il y a de la neige, et le développement d’activités diversifiées pour accompagner la transition écologique.
Y a-t-il encore un espoir de sauver la station ?
Je continue de mobiliser tous les interlocuteurs concernés : les ministres de l’Économie, du Tourisme, de la Ruralité, des Finances, ainsi que le Premier ministre. François Bayrou sera à Briançon ce vendredi pour annoncer des mesures liées aux JO. C’est très bien. Mais en parallèle, il faut aussi des annonces concrètes pour les stations de moyenne montagne. On est au pied du mur. L’État doit prendre ses responsabilités : soit il laisse tomber, soit il assume et soutient les collectivités locales.
Quel est l’état d’esprit des habitants de l’Alpe du Grand Serre ?
L’hiver dernier, les habitants et les acteurs économiques avaient retrouvé de l’espoir. La saison, bien que courte, a été excellente, avec le chiffre d’affaires le plus élevé des dix dernières années. Cela a redonné de l’élan, de l’envie d’y croire. Le lancement de la DSP par la Communauté de Communes avait renforcé cette dynamique. Alors forcément, cette annonce est un coup dur. Les gens sont abattus, incapables de se projeter. C’est compréhensible : beaucoup ont toujours vécu et travaillé ici. Leur vie va radicalement changer. Le village ne ressemblera plus à ce qu’il a été pendant des décennies. Il suffit de voir ce qu’il s’est passé au Col de l’Arzelier ou ailleurs : petit à petit, la vie s’éteint.